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dimanche 24 avril 2016

rêve de voyage

Voilà.
Cet épisode se termine. J’allais écrire printanier, mais vu le temps que nous avons subi, je m’abstiendrai. Si la route fut courte en km, nous avons malgré tout atteint notre but : Saint-Valéry.

Pour couronner le tout, ce matin il fait froid (ce qui est vrai sur toute la France, mais est-ce que ça console ?) et il pleut à verse ce qui est gênant puisque je voulais placer une bâche de protection sur la bâche du cockpit. Ah ! la, la, on n’est jamais content !

Voilà.
Ce voyage est fini. Après avoir retrouvé tous les promeneurs habituels du chemin de halage, Annie qui embrasse les chênes et surtout Liliane et ses chiens :  Mouna la blasée et Gaïa la fofolle qui chante de bonheur en reconnaissant ceux qui lui lancent son jouet en plastique et elle n’est jamais, jamais, fatiguée de courir après, Andrée et son chien paillasson, Jimmy, nous nous déplacerons tout à l’heure jusqu’aux silos où l’Ivanka a déjà passé l’hiver et où elle restera jusqu'à l'été, en compagnie des autres bateaux dont l'Aslaug qui propose des journées de navigation et des chambres d'hôtes.
On a l’impression de n’avoir pas bougé !

Quelle drôle d'idée de pondre là !
Alors, ce printemps n’était qu’un rêve ? 
Nous n'aurions pas admiré les grandes tourbières qui jalonnent la Somme, nous n'aurions pas suivi élégamment (si, si) ses nombreuses courbes, nous n'aurions pas connu le courant trop fort de l’écluse de Long, nous n'aurions pas subi le mauvais temps de cet avril grincheux, nous n'aurions pas vu la mer, nous n'aurions pas rencontré Catherine et Michel de l’Antigone, nous n'aurions pas découvert le gâteau battu – et ça, c’eut été dommage ! – nous n'aurions pas reçu tous ces charmants sourires que les gens d’ici savent si généreusement offrir, nous n'aurions pas connu ces écluses bien refaites et bien entretenues et leurs éclusiers toujours prêts à vous rendre service, non, tout ça était un rêve ?
Comme écrit Marek Halter : « Certes, un rêve de beignet, c’est un rêve, pas un beignet. Mais un rêve de voyage, c’est déjà un voyage »… Alors, rêve ou non, nous avons fait un beau voyage.

Prête pour le mois de juillet !
Demain matin nous prenons le train.

À bientôt.


Il pleut vous dis-je.




jeudi 21 avril 2016

La remontée continue

Malgré le courant qui peut être assez fort par endroit et qui ralentit l’allure, nous remontons petit à petit vers notre destination pour cette fin de mois : Corbie, encore. Après avoir passé une nuit à Long, petit village qui comporte d’étonnants bâtiments dont un château du XVIIIe siècle, nous sommes remontés jusqu’à Amiens où nous retrouvons l’Antigone.

En route, nous avons retraversé les éclusettes comme ils disent, ces sas à bajoyers inclinés si particuliers qui nous ont étonnés à la descente. Imaginez…

Long, enrichi par ses tourbières, présente de superbes monuments.
On voit la mairie et l'église. Au premier plan, l'éclusette aux bajoyers gazonnés,
uniques en France !
Le sas de l'éclusette est plein, la porte de l'écluse va s'ouvrir.

Imaginez que vous êtes montant. Vous vous présentez devant une écluse qui est double : d’abord l’éclusette dans laquelle vous pénétrez d’abord, les vantaux de la porte aval de l’écluse proprement dite étant fermées. Les portes derrière vous se ferment et le niveau de l’eau monte de 50 cm environ. Puis les portes de l’écluse s’ouvrent et vous pouvez pénétrez dans le sas à bajoyers verticaux, sans racler le radier (seuil en pierre ou en béton de l’écluse) qui, sinon, n’aurait pas été assez profond (en rivière, la profondeur d’eau s’appelle le mouillage). C’est un peu compliqué comme construction mais efficace. Heureusement nous avons eu beau temps et peu de vent, car il est impossible de s’amarrer dans ces éclusettes. 


Avec des tourbières de chaque côté.



La Somme, toute en courbes.



















C'est le printemps ! Comptez bien : il y en a onze !

mercredi 20 avril 2016

Au revoir la mer

Précisons tout de suite que j’ai fini par voir la mer à marée haute à Saint-Valéry. Donc, nous pouvons partir, après trois journées consacrées aux trains à vapeur d’autrefois. Magnifiques et fumantes locomotives astiquées et reluisantes, comme une pomme avant de la croquer.

Jouer au petit train… en grand : le pied !

Lundi matin (18 avril), nous larguons les amarres et, naviguant de conserve avec l’Antigone nous avons rejoint Abbeville où nous nous arrêtons, alors que l’Antigone continue en direction d’Amiens où nous devrions la croiser de nouveau. Nous avons bien sympathisé avec Catherine et Michel, qui nous ont fait découvrir le « gâteau battu » – argument suffisant pour revenir en Picardie – et avec qui nous avons partagé une pissaladière de Fabi. Vous êtes loin, vous nous manquez, nous nous consolons.
Temps beau mais vent froid.

Abbeville.

À Abbeville, visite du musée Boucher de Perthes (le père de la préhistoire) que des Périgourdins ne peuvent ignorer. Petit, divers, bien aménagé, c’est une visite agréable. Conquis par le « gâteau battu », nous nous devons de goûter celui d’Abbeville qui a gagné la médaille d’or des gâteaux battus en 2015. Eh bien, non. Les deux que nous avons goûtés à Saint-Valéry (de deux boulangeries différentes) étaient bien meilleurs, avec plus d’œufs, plus de beurre, plus de levure, plus de tout, quoi. Celui-ci a le goût d’une très bonne brioche, mais le gâteau battu, c’est autre chose!…

Voilà comment se coupe un gâteau battu. D'abord on le décapite,



Puis on le démembre !

samedi 16 avril 2016

À Saint-Valéry, en attendant la marée haute qui n’arrive qu’à des heures indues dès que je suis là… le petit train à vapeur vous tend les bras. Tous les trois ans il y a la grande Fête de la vapeur, organisée autour de la machine à vapeur : locomotives de diverses époques et même un canot à vapeur. Elle commence demain. Pour éviter la foule probable, nous le prenons aujourd’hui : direction Le Crotoy, de l’autre côté de la baie.

LA machine à remonter le temps !
En dehors du fait que c’est « le seul port du Nord orienté au sud » comme dit la pub, nous n’avons pas trouvé grand intérêt à ce petit village sans cachet. Et surtout pas les restaurants à moule qui se pressent, l’un à la suite de l’autre, et qui sont exactement ce qu’ils semblent être : des pièges à touristes. Les plus mauvaises moules que nous ayons mangées de mémoire de nous. D’ailleurs j’en parlerai sur Tripadvisor… Ah ! où es-tu  Bouboule, « le roi des moules » de Dinant ?


le Crotoy.
Le climat est ce qu’il est au bord de mer en cette saison : frais, avec de grands moments de soleil et des averses diluviennes. Ajoutez-y du vent parfois violent et vous aurez l’image. Heureusement que nos voisins, Catherine et Michel, nous font découvrir la spécialité du coin : le gâteau battu. À tomber !… 




jeudi 14 avril 2016

Rodéo

mardi 13 avril.

La Somme au printemps a beaucoup de courant. À tel point que lorsqu’on est avalant et qu’on veut s’amarrer à un ponton, il faut faire demi-tour pour avoir le courant sur le nez et le lit de la rivière n’est pas toujours confortablement assez large pour ça, d’où quelques petites émotions  : des souvenirs, comme dit le capitaine. 

Halte de Pont-Rémy avec un beau décor de fond
Des souvenirs, il un gardera un bien bon de l’écluse de Long.
Je vous raconte : Les constructeurs du canal eurent l’idée, certainement ingénieuse et nécessaire, de construire là deux barrages. Le barrage amont à 300 m au dessus de l’écluse régule la rivière pendant que nous nous engageons dans une dérivation, petit canal qui vous conduit tout droit vers l’écluse. L’éclusier précédent m’avez prévenu : restez à gauche, à cause du courant.

Parce qu’effectivement, juste à l’entrée de l’écluse, rive droite, s’ouvre le deuxième barrage qui, en temps normal est plus ou moins fermé. Mais aujourd’hui, le barrage amont étant en travaux et donc fermé, c’est le barrage aval, à côté de l’écluse, qui est ouvert et dans lequel les eaux, pas tumultueuses mais presque, de la Somme se précipitent. En plus, l’écluse est située, comme souvent, après une courbe qui vous empêche de la voir jusqu’au dernier moment…

Je serre donc à gauche pendant que le courant nous entraîne assez vite et j’espère que l’écluse est ouverte car vu la vitesse (le bateau + le courant), je ne pourrai pas m’arrêter : l’Ivanka déplace 20 tonnes ! Je passe le pont, le barrage est à droite, aspirant tout ce qu’il peut. Je vois l’écluse : ouverte !… 

Zut ! le long du quai que je serre, une barque en métal est amarrée lâchement (les amarres sont lâches, pas l’amarreur, – quoique…) ! Barre à droite, point mort, marche arrière ! Puis tout de suite, barre à gauche, point mort, marche avant pour entrer dans l’écluse.  Mais le courant nous prenant par l’arrière, l’avant part trop à gauche. L’angle du quai à l’entrée de l’écluse se précipite sur nous. Nous allons cogner !…

Bon, je ne pourrais pas vous dire comment j’ai fait, mais on n’a pas cogné, et j’ai pu arrêter l’Ivanka avant qu’elle aille emboutir la porte aval de l’écluse. Comme me dit alors l’éclusier : C’était chaud ! 
Et désolé : je n'ai pas eu le temps de prendre des photos.

Ce soir, nous sommes dans la dérivation qui mène à l’écluse d’Abbeville. Attention à l’entrée de ce « canal de transit » comme il est appelé. Le courant est assez fort pour mettre un bateau en travers. Ensuite le ponton un peu avant l’écluse est calme et propre. Une balade en ville que nous prévoyons de visiter un peu plus au retour. En fait, nous sommes assez fatigués. Fabi va faire quelques courses au Casino tout proche et Pierre va se renseigner à la gare pour les transports de la région. Et la gare d’Abbeville mérite d’être vue ! 

L'est pas belle, la gare ?

Mercredi 14 avril.

Ça y est ! Après un trajet strictement rectiligne de 15 km et 4 ponts tournants, nous arrivons à Saint-Valéry-sur-Somme. La mer !


Nous sommes à couple d’un superbe tchalk, l’Antigone, au ponton juste avant l’écluse 25 qui ouvre sur le domaine maritime. La première fois que nous avions voulu arriver ici, c’était en 2009. Nous partions du port de Cergy où le bateau avait hiverné, bien décidés à monter jusque sur la Somme. Mais il était trop tôt dans la saison. Enfin, nous y voilà et ce ne sont pas les quelques gouttes de pluie timides qui nous accueillent  qui gâcheront notre plaisir. D’autant que nos accueillants voisins, Michel et Catherine de l’Antigone sont charmants et membres de l’ANPEI, comme nous. Ça crée des liens !

dimanche 10 avril 2016

Les ceusses…

Un dimanche d'avril…
Les ceusses qui sont actifs, qui doivent se lever au réveil-matin, partir tôt de chez eux pour aller gagner leur vie et revenir le soir fourbus, harassés mais heureux du devoir accompli… ou les ceusses qui font la même chose sans aimer leur travail et que je plains de tout mon cœur, savez-vous la question que se posent les ceusses qui n’ont plus ces obligations parce qu’atteinte la limite d’âge on les a renvoyés dans leur foyer ? 

La question qui les taraude, les tarabuste, les asticote, les harcèle, en un mot, les tourmente est celle-ci : Où trouvent-ils le temps ?

Parce qu’enfin, nous qui n’avons pour obligation (et encore !) qu’à ouvrir les paupières quand elles veulent bien s’ouvrir, nous qui n’avons à nous soucier que de prendre un petit-déjeuner tranquille, parfois de nous recoucher en attendant que ça se réchauffe, d’aller faire quelques courses pour midi, de penser à garder des restes pour ce soir, de se poser la question : en soirée, on lit ou on regarde un film ?… tout le reste n’étant que superflu, fanfreluche, babiole,amusette et frivolité, le temps nous file entre les doigts, se dérobe, nous trahit, nous manque enfin. Alors, les ceusses qui sont actifs, comment faites-vous ?


Ces réflexions me viennent en ce dimanche matin brumeux et froid où même les oiseaux se sont tu qui hier encore marquaient leur territoire en trilles conquérantes. On ne voit rien, du coton tout autour et le pâle soleil qui vient d’apparaître aura du mal à éclaircir la situation. Je n’ai pas encore mis le nez dehors, le matelot s’est remise au lit, sous la couette, avec un livre (je ne vous dis pas l’heure qu’il est !). Elle a bien raison car demain, boulot, boulot, c’est le départ ! Direction Abbeville en trois étapes. Mais je m’inquiète : trouverons-nous le temps ? 

Corbie sous le soleil

Si, si, v'là l'printemps !

La même vue que là-haut sous le soleil du soir.



Le panorama depuis la falaise.

jeudi 7 avril 2016

illusion ?

Edgar Morin, dont je viens de finir Où va le monde ? (à recommander sans restriction ; je le prête en eBook sur demande) a sans doute raison qui écrit : La plus grande illusion est de croire connaître le présent parce que nous y sommes.
Bien.
Mais quid du passé ?
C’est justement la question que nous nous posons ces jours-ci : Dans notre passé fluvial, avons-nous connu printemps aussi mauvais ? Dans notre mémoire la réponse est non, mais n’est-ce pas une grande illusion de croire se souvenir du passé parce que nous l’avons vécu ?…
Froid, venteux, pluvieux, grêleux, avec certes quelques intervalles ensoleillés entre deux cumulus, mais ce printemps n’incite pas à la vie en plein air. Comme remarque insidieusement l’équipage : « Heureusement que nous ne naviguons pas ! ».
En effet, la question centrale se pose toujours : notre troisième tentative pour arriver à Saint-Valéry-sur-Somme sera-t-elle couronnée de succès ? Voici l’état de la question : Le faucardage à notre ouest ne se pratique qu’après Abbeville. La navigation étant ouverte sur la Somme depuis le 1er avril, nous pouvons quitter Corbie et avancer jusqu’à cette étape-là qui connaît déjà des activités ornithologiques, spécialité de la région au printemps. Ainsi, dès le faucardage terminé, le 15 du mois, nous pourrons continuer la route jusqu’à notre but. Mais l’avis à la batellerie interdisant la navigation pour cause de faucardage étant en vigueur, le personnel qui s’occupe des écluses ne peut être d’astreinte et la navigation le samedi et dimanche est interrompue, – jusqu’au 15.

Nous pensions partir de Corbie jeudi et rejoindre Abbeville en trois petites étapes, mais si c’est pour rester coincés sur une halte au milieu de nulle part pendant le week-end, autant rester ici, d’autant plus que la météo a annoncé, avec raison, quelques jours particulièrement venteux. Donc, en résumé, nous partirons lundi.

Marcher sous l'averse, plaisir printanier.

M. et Mme Pinson. Monsieur est là-haut, plein de couleurs.
En attendant, balades entre deux averses, balades sous une averse, comptage des chiens en promenade, papotage avec leurs maîtres, nourrissage d’un couple de pinsons, petit bricolage, lecture, écriture, un peu de radio, un peu de télé (en pointillé, par WI-FI), un film enregistré parfois le soir (dont deux navets deux soirs de suite)… La vie continue.


Pour finir sur une note optimiste



dimanche 3 avril 2016

300 mètres

Une si belle plante, dommage qu'elle soit envahissante. 
Environ 300 m, c’est le trajet parcouru par l’Ivanka le 29 mars au matin. Nous sommes revenus à la halte du camping parce que l’environnement y est plus agréable, que nous pouvons prendre de l’eau et que le camping lui-même ouvre le 1er avril. 

Le premier avril, comme le canal… officiellement. Il paraît que c'est la myriophylle qui envahit tout. Il faut donc la faucarder. Ce qui fait que nous sommes coincés jusqu'au 15 avril sans doute. Mais nous verrons s'il est possible d'aller jusqu'à Abbeville, dernière étape atteignable avant la date d'ouverture. Nous verrons.

En attendant, les bateaux, c’est comme les maisons : quand on les abandonne quelques mois, il y a toujours quelque chose qui cloche au retour. Hier soir, la pompe à eau qui redémarre deux fois de suite : fuite dans le pic avant. Je coupe la pompe pour pouvoir dormir tranquille. Le lendemain, je remets la pompe en route : pas de fuite visible…

Soleil de printemps ?…

Le lendemain à midi, soudain la radio se tait : plus de jus ! Alors que nous avons fait tourner notre générateur et chargé les batteries à 100 %,  hier. Aïe ! serait-ce le signe qu’elles vieillissent – elles-aussi ? Nous les avons achetés en août 2008. Sept ans et demi, il paraît que c’est une bonne durée de vie pour ces petites (lourdes) choses. Rechargées de nouveau aujourd’hui grâce au générateur (économique, efficace), nous attendons de voir si la chose se reproduit. Ce matin, nous surveillons nos batteries, bien sûr. Or les réparateurs viennent remettre en route les bornes eau/électricité de la halte. Il les règlent et nous invitent ensuite à profiter de la période gratuite qu’ils ont installés. Nous verrons donc les batteries demain. Coïncidence ? Le jour où les batteries nous lâchent, le soleil sort des nuages…Et le voilà qui chauffe (si, si) au point de nous donner l’impression que le printemps est là, parce que ce matin il ne faisait que 3° C dehors… 

Le lendemain, pluie, grisaille… Cela n’empêche pas les habitués à se promener. Certaines ne ratent pas un jour. Il y a Liliane et a chienne joueuse qui se précipite, son jouet en plastique dans la gueule, vers tout individu susceptible de le lui jeter au loin. Elle vous regarde fixement, la queue en balancier et gémit doucement comme si elle pensait : « Bon, celui-là, il va comprendre ? ». Il y a la dame en rouge et rose qui s’arrête toujours au pied du même arbre, l’enlace et y puisse des forces qui la ressourcent. 













Il paraît que la région a changé de nom et que nous sommes dans les Hauts-de-France. Moi je trouve le nom plutôt joli. Mais ce n’est pas certain que le français y soit la langue officielle : Ce matin, dimanche, nous sommes allés à une « rèderie », c’est-à-dire un vide-grenier. Et je n’ai pas trouvé de quoi la rue de l’Acaterie est le nom…