Woodenwidget

images à cliquer

samedi 23 août 2014

Feuille

Ce voyage s'achève et nous avons abandonné l'Ivanka dans le port de Seine-École où nous la retrouverons début octobre. 
     Ce voyage fut celui des rencontres et des retrouvailles. C'était aussi la première fois que nous refaisions un trajet déjà fait dans l'autre sens. À l'époque, nous avions trouvé que nous étions passés trop vite, pressés par la date de clôture de la dérivation de Nevers. Cette fois, sans nous presser, nous avons trouvé que c'était aussi rapide, malgré les ennuis mécaniques du début. Comme quoi les impressions ne sont pas fiables !
     Pour clore cet épisode, et puisque tout le monde a remarqué que le temps de cet été ne fut pas tout à fait conforme à ce qu'on en attend d'habitude, j'ai profité de la visite inattendue, début août, d'une feuille morte pour écrire un petit sonnet sans prétention qui me servira de conclusion :


Première feuille morte

Elle est belle, non ?

Irrévérencieux
Le temps capricieux
N’a jamais prêté
Sa chaleur d’été.

Augure des dieux
Arrivée des cieux
Signe que l’été
Jà s’en est allé

Cette feuille-là
Sans grand tralala
Est tombée du taud

C’est fini l’été ?
Elle s’est trompée :
Un deux août, c’est tôt !

Voilà. Bon mois de septembre et à bientôt.

lundi 18 août 2014

Un coin tranquille.

L’inconvénient des coins tranquilles c’est qu’ils sont tranquilles.
Prenez le port de Seine-École à Saint-Fargeaux-Ponthierry ; Un petit lac, ancienne sablière sans doute, avec un étroit accès à la Seine, entouré d’un parc de loisir peu fréquenté. les bateaux y sont en sécurité. Le soir, la grille du parc est fermée. Vous vous dites, bien, quel est le problème ? Le problème c’est qu’aucun bateau n’est habité en permanence et que les gens sont drôlement culottés !

Notre voisin qui vit sur un beau tjalk hollandais nous semblait bien un peu bizarre. Il parle seul, pousse des cris parfois… Bon, des gens bizarres on en connaît d’autres. Sa réponse à mon innocente question m’a surpris, pourtant : Vous l’avez acheté où ce superbe bateau ?
–… Euh… on y travaille, on y travaille…

Un bateau, deux propriétaires ?…

Tu parles qu’il y travaille ! Ce matin un ouvrier embauché par le propriétaire vient pour travailler sur le bateau. Problème : l’occupant n’est pas le propriétaire. C’est un scouateur !… Et dès que l’ouvrier lui demande de partir il répond non, non, pas question, je connais mes droits, je vais appeler le DAL, etc !… Quel culot !

La police est venue, le propriétaire est remonté en scooter depuis Bordeaux où il était pour un mariage et a engagé une discussion parfois houleuse avec son auto-invité. Avec aplomb le scouateur lui a même demandé des compensations en argent pour préjudice (on croit rêver) avant de partir, un sac sur l’épaule, en ronchonnant et en omettant de prendre un des sacs-poubelles contenant toutes ses cochonneries, parce qu’il en a fait des cochonneries, notamment sur le plancher de la cuisine-pièce à vivre. Il s’est aussi amusé à laver toutes les fringues du propriétaire avant de les entasser, mouillés, dans des sacs et à ranger tout le pic avant, le grenier d’un bateau, si vous préférez… Bizarre…

Franchement, ce scouateur n’avait pas l’air d’avoir le gaz à tous les étages, avec pourtant des moments très raisonnables. Il monologuait constamment à voix haute, changeant d’intonation à tel point qu’un soir on a cru qu’ils étaient plusieurs à bord. Il poussait des hurlements sporadiques et semblait hyper actif. Mais lorsqu’il venait sur le pont le matin boire son café en fumant une clope et qu’il restait là, calme, à contempler le paysage, on l’aurait pris pour quelqu’un de normal. Quand il me remerciait profusément pour avoir empêché la pluie d’entrer dans son bateau ou qu’il affirmait aux policiers que tout allait bien, qu’il avait même rempli le contrat pour séjourner au port, il faisait très propriétaire…
Mais finalement, ce n’était pas lui.
Décidément, on ne peut plus se fier à personne.

Note encourageante : le vrai propriétaire est plus sympa !…

On ne le croirait pas, mais c'est joli quand c'est grand ces petites poules d'eau.

samedi 16 août 2014

Seine-École

Le 14 août, départ de Melun pour notre dernière escale de ce voyage. Il nous faut passer une écluse et une heure et demi de voyage en tout pour arriver dans le port de Seine-École, commune de Saint-Fargeau-Ponthierry. C’est une ancienne sablière envahie par la Seine. L’entrée, plutôt étroite est perdue dans les feuillage et le plan d’eau très calme, entouré d’arbre. On y voit des cygnes, des canards, des oies de Guinée, des oies grises (les bonnes à gaver !), des poules d’eau et des grèbes huppées. Ça va nous plaire.

Nous ne prenons le train que le 20 août, le temps de nous habituer à ce nouveau havre.

Arrivée.

L'entrée, discrète et enfouie dans les feuillages.

Voilà ce qui arrive quand on ne sort pas assez souvent !

vendredi 15 août 2014

Melun

Ce matin (12 août) nous avons quitté Moret-sur-Loing, Laurette, la capitaine du port, célèbre pour sa gentillesse et son obligeance et Trish et Graham, nos amis néo-zélandais. La fin du voyage approche. Le ciel est gris, le vent souffle, signes qu’il faut penser à s’arrêter. On se croirait en fin d’automne !
Nous voilà avalant sur la Seine. Les goûts sont partagés. Si le matelot préfère l’intimité des canaux, étroits, discrets, timides presque, le capitaine préfère les rivières et les fleuves dont les vastes horizons lui rappellent la mer, la mer toujours recommencée. Et descendre la Seine de Saint-Mammès à Melun est un vrai plaisir. Ce matin, les commerces sont en train de charger et nous laissent toute la place. À nous les grandes écluses pour un tout petit bateau solitaire. Pas question ici d’économiser l’eau d’une bassinée puisque si l’eau ne passe pas par l’écluse elle passera par le barrage.
Grands espaces, horizons lointains…

Et des maison plus baroques les unes que les autres.

Nous arriverons à 12 h 30 à Melun, passant par le petit bras pour contourner l’île et remonter un peu pour rejoindre le port. C’est un quai de pierre assez sympathique, tout proche de la grande médiathèque qui propose une connexion Wi-Fi. Mais ce qu’on découvre très vite c’est qu’une fois chargés, les commerces qui nous ont laissés tranquilles ce matin se dépêchent d’arriver à leur port de destination pour vider leur cale et repartir. Il n’est pas question de leur demander de ralentir en passant et leur sillage nous brasse à tel point qu’on se croirait parfois dans un grain force 5 !… Heureusement qu’ils s’arrêtent pour la nuit !

Cela explique peut-être pourquoi cette halte n’est pas aussi fréquentée qu’elle pourrait l’être. Le manque de commerces ouverts en centre ville aussi, d’ailleurs. Je sais bien que c’est le mois d’août, mais voir toutes les boulangeries fermées… et découvrir que même les pharmacies, ouvertes elles, n’ont pas des produits de base tout simples qu’on trouve dans n’importe quelle officine de Périgueux ou de Sarlat… c’est sûr que ça n’attire pas le client. Pourtant, Melun pourrait être une belle halte, à bonne distance de Paris dans un sens comme dans l’autre, dommage.

Le 13 août, journée culturelle, nous avons visité le musée d’art de Melun. Petit, avec quelques beaux tableaux et une salle sur l’histoire de la ville intéressante. Nous aurions voulu voir les aquarelles d’Armand Cassagne sur la forêt de Fontainebleau, mais ellles n’étaient plus exposées. Seules deux huiles donnaient une idée de son talent. Accueil très chaleureux. 


lundi 11 août 2014

Rencontres et retrouvailles

Ce voyage aura été celui des rencontres et des retrouvailles.
Hier encore, à peine le Baldassare parti, nous voyons arriver le Breevaer IX que nous aidons à s’amarrer. Ce qui crée des liens. C’est la première escale de Michel et Myriam, qui se lancent dans l’aventure et sont partis de l’amont de la dernière écluse (distance 300 m environ). Mais comme vous l’avez compris maintenant, on ne navigue pas en fluvial si on est pressé.

Nous avons aussitôt sympathisé autour d’un café, mais nous nous quitterons vite. Après une bonne nuit réparatrice (vous n’imaginez pas les émotions que créent une étape de 300 m et une écluse de 2 m de dénivelé…), ils partent en direction de Montereau et remonteront l’Yonne jusqu’à Joigny. C’est le projet en tout cas puisque, n’oubliez jamais, on ne sait pas quand on part, on ne sait pas quand on arrive, – ni où !

Le Breevaer.

Myriam et Michel, l'équipage.

Alors, bonne route, Breevaer et à un de ces quatre, sur l’eau !


Leur place était encore chaude quand arrive Go Kiwi, les Néo-zélandais, Trish et Graham, rencontrés à Châlons-en-Champagne l’an dernier. Ils arborent un superbe pavillon ; il paraît que leur pays cherche à se débarrasser de l’Union Jack. Ça fait plaisir de les revoir.

Mais décidément, ce n’est plus un voyage fluvial, c’est une suite de mondanités !

La Nouvelle-Zélande cherche son nouveau pavillon national.
Voilà une des propositions.

samedi 9 août 2014

À qui se fier ?

Un port de plaisance, c’est comme un petit village. Il suffit que trois bateaux soient côte à côte et voilà, vous avez la grand-place où l’on échange les informations, les projets, les recettes.

Parlant de recettes, à Moret, nous sommes particulièrement gâtés.
D’abord, nous avons nos voisins français, Chantal et Claude sur le Baldassare, rencontrés l’autre soir chez nos sauveteurs. Nous avons passé la soirée d’hier à leur bord. Madame a fait la pizzaïola pendant sept ans. Nous avons donc mangé des pizzas délicieuses accompagnées d’une délicieuse salade de Fabi qui fait des salades depuis… longtemps.

Le Baldassare

Capitaine Claude.
Ensuite nous avons nos voisins anglais, sur ce superbe bateau déjà vu à Montbouy l’Elisabeth. Peter et Sheena y accueillent des passagers (6 au maximum) pour des voyages qui doivent être agréables puisque certains reviennent douze ans de suite !

Eh ! bien, pour répondre à la question qui fait mon titre, à personne ! Voilà un Anglais, Peter, qui en 24 ans de séjour en France n’a passé que quelques semaines dans son Albion natale, mais qui a un fils compté parmi les meilleurs cuisiniers du Lot !… Évidemment, ça déteint sur la famille ; Peter vous prépare en riant un porcelet à la broche et même – frottez-vous les yeux, ô incrédules, ô perplexes, ô sceptiques – un foie gras mi-cuit en terrine comme au pays, dis !… 

Peter, le grand chef devant son bateau. Tout au fond, Chantal. Tout à gauche, Sheena


Enfin, détail qui tue, ce porcelet cuit doucement sur un lit de charbon de bois… du Périgord… On vit une époque formidable, non ? 

Et ce soir, tout le monde se retrouve sur le ponton. Un petit village, vous dis-je.

Les  derniers arrivent en bateau.
Ça évite de prendre la voiture, pour faire 300 m.
Toutes mes excuses à ceux qui sont cachés.

Un soir d'été sur le Loing.


vendredi 8 août 2014

(7 août) Éclusier bavard = retard

Décidément, ce voyage est celui des rencontres et des retrouvailles. Aujourd’hui nous accueillons Brigitte et Jean-Paul. Des gens daterre, des vrais. Brigitte, que je connais depuis des siècles, a remonté le Nil au cours d’une croisière, plus un court passage sur le canal du Midi il y a quelques années. Et Jean-Paul, fluvialement tout neuf, prêt à découvrir la vie sur un canal.

Après quelques hésitations, nous avons décidé qu’un tour sur le canal du Loing serait plus représentatif qu’une balade sur la Seine.

Nous voilà donc partis pour une journée sur le Loing, sous un ciel gris, une brume qui disparaît très vite, puis, hélas, un soleil lourd et brûlant. Bon, c’est le mois d’août, hein ?

Faut bien que je m'occupe des invités !
Les écluses sont très lentes en ce moment. VNF est en train de les automatiser et seule une vantelle (petite trappe sur les portes d’écluse par où l’eau entre ou sort) au lieu de deux. Conséquence, le sas se vide plus lentement. Beaucoup plus lentement.

Si lentement qu’au retour, étant avalant, nous entrons dans une de ces lentes écluses. L’éclusier qui aime communiquer (c’est-à-dire qui est bavard), ce qui est agréable, commence à nous parler, et de la situation de VNF et de la situation de la France (mon pauv’monsieur) et de sa famille, et de l’éducation qu’il a donné à ses fils dont il est fier… En attendant, nous sommes l'un et l'autre près d’une manivelle censée ouvrir les portes aval. Le sas est presque vide. Pourtant, chaque fois que nous voulons tourner la manivelle, elle refuse de bouger : il y a quelques centimètres de différence de niveau de chaque côté des portes aval et donc, on ne peut pas les ouvrir. On bavarde, on pousse, rien. On bavarde, on pousse, rien. On bavarde, on pousse, rien…

Dans les écluses, il y en a qui travaillent et d'autres…


Finalement, l’éclusier se pose des questions. C’est bien long quand même… Il lève les yeux parce qu’un autre bateau avalant est apparu au détour du canal et c’est là que, regardant les portes amont il s’écrie : Ah ! bien sûr, j’ai oublié de fermer la vantelle amont !… ce qui veut dire que l’eau entrait en amont au rythme où elle sortait en aval. Risquait pas de les ouvrir ses portes !


Moralité : si vous êtes pressé, ne papotez pas avec l’éclusier.

Nous serons amarrés au ponton à gauche. Moret-sur-Loing.

C'était il y a quatre ans

C’était en août, il y a quatre ans. Nous étions sur l’Yonne, avalant sur cette belle rivière qui ne sait pas qu’elle est un fleuve. Dans une dérivation, petit canal qui conduit à une écluse, nous attendions que l’écluse de Néron (si, si !) s’ouvre. Autour de nous la campagne, sous un ciel bleu blanc vibrant de chaleur. Le ronron du moteur couvre les bruits des cigales et autres criquets. Devant nous, l’Ardito, attend lui aussi ; nous sasseront ensemble. Un léger souflle d’air, trop léger pour nous rafraîchir, nous pousse doucement d’un côté, de l’autre. Attente, patience, engourdissement. L’été.

Soudain, un silence inquiétant : le moteur de l’Ivanka vient de s’étouffer. Pouf, pouf, pouf… pouf !  On entend les criquets et les cigales, mais on s’en fout. ¿ Qué pása ? Je tente de redémarrer. Rien. Aïe, aïe, aïe ! Serait-ce un souvenir en gestation ? (chaque fois qu’il nous arrive un mésaventure je console Fabi en lui disant : ça nous fera un souvenir !). Une deuxième tentative inutile. Le moteur ne veut rien savoir. La VHF est allumée, je tente ma chance et appelle le bateau devant nous. L’Ardito ? Je suis juste derrière vous. Je suis en panne. Pouvez-vous m’aider ? La réponse est immédiate : On va vous remorquer jusqu’au quai d’attente.

L’Ardito vient se mettre à couple ; amarrage. En avant lentement, il nous mène jusqu’au quai d’attente où nous nous amarrons. Ouf ! ça, c’est fait. Il nous reste à les remercier. Nous prenons leur adresse, Claude et Evelyne et la grand-mère Guilette. Merci et bonne route. Ils disparurent derrière les portes de l'écluse, nous laissant seuls au milieu de nulle part, mais amarrés à quai.

Quatre ans plus tard, le 6 août 2014, nous sommes assis dans leur salon à Saint-Mammès. Evelyne, Guymette la super grand-mère qui a connu la traction chevaline sur les péniches et Claude, plus Chantal et Claude un couple qu’ils ont rencontré lors de leur récent voyage et nous. Trois mariniers et quatre daterre qui font semblant. 
Or, devinez de quoi parlent des gens qui vivent sur un bateau quand ils se rencontrent ?
Nous avons passé un chaleureuse soirée.

Ah ! vous voulez savoir comment s’est résolu notre problème. Eh ! bien, jusque comme je cherchais qui je pourrais bien contacter, je reçois l'appel d’un client – et néanmoins ami – suisse qui me demande si je peux faire un guidage de trois jours en Périgord (c’est un autocariste qui organise des voyages). Tout en rechignant parce que je n’ai plus envie de faire ce genre de contrat, je lui demande son avis sur ma panne (c’est un mécanicien professionnel). Question : ton moteur, il a fait  Pouf, pouf, pouf…pouf  ou plutôt poufpouf… poufpouf… pouf. Je penche pour la première version. Alors, ce n’est rien, me dit-il. Tu fais ceci, tu tournes celà, tu resserres ce serre-joint, et c’est bon.
– Merci Francis ! J’essaie et je te rappelle.

J’essaie, ça marche ! 
Je l’ai rappelé et j’ai accepté de faire ses trois jours de guidage. Comment refuser quand on a son mécanicien personnel en Suisse ?

mercredi 6 août 2014

Enfin !…

Enfin, depuis le temps qu’on en rêvait !
Ce n’était pas de la jalousie, on était content pour les autres, mais à force de passer et de repasser devant, on en bavait presque. Et maintenant, ça y est, on y est, on a trouvé une place, nous sommes amarrés à Moret !

C'est serré, mais ça rentre.

Amarrés à Moret, vous vous rendez compte ?
Non, vous ne pouvez pas. Il faut avoir espéré, attendu, guetté, désiré, souhaité, vouloir, s’arrêter à Moret et découvrir, à l’ouverture des portes aval de la dernière écluse du canal du Loing que toutes les places sont toujours prises, pour se rendre compte de notre chance.

Amarrés à Moret, amarrés à Moret, ça pourrait être un refrain, non ? Mais n’insistons pas, restons modestes, ne faisons pas de jaloux. Jouons-le serein : oui, nous sommes amarrés à Moret, et alors ? Ce n’est pas la peine d’en faire un plat.


D’ailleurs, ça a failli ne pas se faire. Partis tôt de Montereau nous arrivons à Saint-Mammès où nous attend notre ami Herbert (le Suisse au canoé jaune). Ça vous plairait d’aller à Moret ? Tu parles !… Laurette, la capitaine du port, donne son accord, nous indique dans quelle place nous pourrons nous faufiler puisqu’un bateau vient d’en partir. Larguez les amarres ! nous voilà remontant le Loing sur 3 km entre deux rangées de péniches toutes plus belles les unes que les autres, certaines dans une état d’abandon qui fait peine. Nous arrivons devant l’endroit qui nous attend… quand une petite vedette nous passe sous le nez et nous prend la place ! C’est un Hollandais, petit, trapu, presque carré, le genre bourru solitaire que nous avons déjà croisé à Montereau. Nous mettant momentanément à couple d’un autre bateau, nous débarquons Herbert qui va lui expliquer le problème. D’abord en français, puis en allemand, puis traduit en hollandais, l’individu finit par comprendre qu’il a pris indûment une place qui nous est réservée. Hélas, bourru, acariâtre et rude, il récalcitre et regimbe ; il faudra attendre l’arrivée de Laurette pour que les choses retrouvent leur place. Ouf ! ça y est, nous sommes amarrés à Moret.

Après l'effort, le réconfort.
Un peu de tourisme, quand même…

lundi 4 août 2014

Halte à Bray

Nous sommes à Bray.
À Bray-sur-Seine, évidemment. Le trajet fut un peu monotone si l’on excepte cette rencontre à l’écluse de la grande-Bosse. Les rives sont boisées. Elles se resserrent parfois pour s’élargir de nouveau et, dans une courbe on découvre de petits pavillons où il doit faire bon passer des vacances. L’eau est toujours de cette belle couleur jade.
Jade, vous dis-je !

Puis nous arrivons à Bray. C’est au bord d’un grand parc orné de plus de cinquante platanes immenses qu’on découvre la halte, un ponton de quelques mètres. Un bateau y est déjà amarré mais il reste de la place. D’ailleurs, nous sommes surpris de découvrir tant de haltes et ports où il y a plus de places libres qu’en octobre. Je suppose que les bateaux qui y restent à l’année sont partis en balade. Mais où ? En dehors de quelques lieux envahis de bateaux ventouses, nous n’avons jamais eu de problème pour nous arrêter. 

La halte de Bray, un régal de fraîcheur.
Pourtant, ici, il devrait y avoir foule : ponton propre et facile d’accès, à l’ombre l’après-midi (en été ça compte) et si frais qu’un petit vent d’ouest nous a encouragé à rajouter une petite polaire (au mois d’août : le rêve !), l’eau et l’électricité gratuite, un joli village avec de nombreuses maisons à pans de bois et colombages, un cinéma (!), une supérette, une très très bonne pâtisserie et deux autres certainement bonnes aussi, mais bon, il faut savoir quand se limiter dans le sacrifice, quelques pêcheurs à la ligne pour l’animation, quelques chiens promenant leur maître, un mariage venant prendre des photos parce que c’est samedi. Un endroit calme. À recommander. 

Comme l'indique le panneau sur la porte, ce n'est pas la " maison de Jeanne"
puisqu'elle fut construite 200 ans plus tard. Mais c'est la plus belle de
toutes les maisons à colombage de Bray qui en a beaucoup. 
Si Jeanne dite d'Arc ne fit pas connaître le souvenir qu'elle gardait de son passage ici, Victor Hugo qui passa une nuit à l’Auberge de l’Écu en garda un souvenir cuisant. Il immortalisa l’établissement dans ces vers :

Au diable auberge immonde, hôtel de la punaise,
Où la cuisine pue, où l'on dort mal à l'aise,
Où la peau le matin se couvre de rougeurs
Où l'on entend chanter les commis voyageurs.


Dans le commerce, il faut toujours soigner ses clients, ce peut être un envoyé du guide Michelin ou un écrivain célèbre, qui sait ?

Ce petit village possède un cinéma. Peut-être la seule salle de cinéma de France construit dans une maison à colombage !

Salle de projection du cinéma de Bray.
 Et nous avons eu le plaisir d'y retrouver Peter, que nous avons connu à Migennes il y a quatre ans. Ancien marinier toujours plein d'anecdotes qui font passer un agréable moment autour d'un bon déjeuner.



Jade

Nous sommes partis ce matin (2 août) de Montereau pour nous engager dans la Seine. Je veux dire LA Seine, la vraie, la seule. Pas cette espèce de faux derche qui d’ici coule vers l’océan en passant par Paris sous un faux nom. Ce fleuve qui en toute logique géographique devrait s’appeler l’Yonne puisqu’à Montereau cette dernière est un tiers plus importante en largeur comme en débit que la Seine. Mais nous en avons déjà parlé.

Donc, nous avons tourné à droite, et sommes entrés en Seine. Une eau !… couleur de jade, superbe. Propre à vous donner envie de piquer une tête (ça change du canal). Beaucoup d’anciennes sablières devenues des étangs entourés d’une végétation assez abondante, des traces d’activité (vieux silos, vieux quais) et partout cette eau superbe.

Vert de Seine.

Nous avons passé l’écluse de la Grande Bosse. Les bassinées étant rapides (d’où gros bouillons) on demande aux bateaux de plaisance de rester plutôt vers l’arrière du sas. Nous étions en train de lire ce panneau quand l’éclusière me demande par radio si je suis d’accord pour attendre un commerce qui n’est pas très loin derrière nous. Bien sûr : eux travaillent et le temps est – littéralement – de l’argent pour un marinier. D’ailleurs le principe est qu’ils ont priorité sur nous. Nous nous poussons donc pour l’attendre et le laisser passer. Ces grands quais en palplanches ne sont pas du tout accueillants, mais bon, on ne fait que passer.

Non seulement elles sont grosses mais elles vont par deux.


Nous voyons alors arriver deux péniches à couple. Largeur 10 m. L’écluse en fait 11,40, donc tout va bien. Et pour la longueur, il n’y a pas de problème, elle mesure 180 m et les péniches n'en font pas la moitié. Quand même, on se sent tout petit.

vendredi 1 août 2014

Houle

La halte de Saint-Mammès est située sur les bords de la Seine qui est très fréquentée. Ça fait vraiment plaisir de voir toutes ces péniches, certaines de 90 m de long qui poussent devant elles une barge presque aussi grande (!) monter et descendre le fleuve. Le trafic est si intense qu’on se prend à douter de la décadence du trafic commercial fluvial comme on en parle un peu partout, alors que chaque péniche chargée jusqu’à la gueule économise des dizaines de camions avec tous leurs inconvénients.

Bien sûr, il suffit de se rappeler à quel point les passages de commerces sont rares aujourd’hui sur les canaux au gabarit freycinet, c’est-à-dire tous les canaux sur lesquels nous avons navigué, pour savoir que le déclin est réel. Seules les rivières connaissent encore une fréquentation raisonnable.

Effet collatéral de cette circulation intense, le passage de ces grosses péniches provoque souvent une houle assez forte pour que les bateaux dansent à quai. On se croirait parfois en mer. J’ai essayé d’en filmer une belle, malheureusement, il a fallu s’occuper du bateau du voisin absent qui risquait de cogner. Bon, je fais ce que je peux. Je vous en propose une autre. Comme je n'arrive pas à la charger ici, voici le lien – à copier dans votre moteur de recherche – qui vous permettra de la voir :

https://www.dropbox.com/s/kgbfek2x14svujx/houle.Clip%20%236.mov


Nous avons retrouvé notre ami Herbert, le Suisse au canoë jaune bien connu de tous les habitués de l’Yonne et de la Seine. En quatre ans il n’a pas changé (Nous non plus ?). Il est toujours souriant, prêt à rendre service et a partager ses connaissances et ses aventures.

Après deux nuits de repos à Saint-Mammès nous sommes montés jusqu’à Montereau-Fault-Yonne que nous connaissons déjà. Quel plaisir de naviguer sur un fleuve large et de passer de grandes écluses où l’on respire !