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mercredi 16 avril 2014

Vive la grève !

   On dit que c’est de ma faute, que j’ai le mauvais œil, que je porte la schkoumoune, que j’aurais dû me taire lorsque le premier jour de notre équipée (le 6 mars) je me plaignais de l’absence de problèmes et de retards qu’avait connue notre voyage. On dit que si je m'étais abstenu de relever cela, rien ne serait pas arrivé. Peut-être. Mais n’étant pas superstitieux parce que ça porte malheur, je dis que si c’est vraiment grâce à moi, alors tant mieux et je crie : vive la grève !
   C’est lundi soir que j’ai reçu ce message sur mon téléphone : « Pour cause de grève en région Auvergne, votre train de mercredi est annulé ». C’est beau le progrès quand même. Donc, mardi matin à l’aube, enfin, vers 8 heures, je pars à la gare, y trouve un guichetier très compréhensif qui va faire son possible pour me sortir de mauvais pas car il nous faut absolument rentrer à Périgueux dans les jours qui viennent.
   Comme le buffle énervé au détour d’un buisson dans la savane poussiéreuse, une grève, soit on la contourne, soit on l’évite. Et le plus sage est de l’éviter car elle est reconductible.
– Si vous partiez aujourd’hui ?
– C’est possible.
– Pourquoi passer par Paris ?
– C’est une bonne question.
Et voilà le résultat : De Nevers nous rejoindrons Vierzon pour y récupérer notre train habituel qui, via Limoges nous conduira à Périgueux vingt-quatre heures avant la date prévue. Nous y gagnons quelques heures de voyage en moins et quelques euros en plus. Donc, je dis : Vive la grève !
   La morale de cette histoire c’est que, sans rejeter les avantages de la commande des billets sur l’internet : être averti par sms d’une grève à venir, il ne faut pas négliger les qualités humaines du guichetier à la gare qui vous fait prendre le chemin le plus court et le moins cher.

Le verre de " l'au-revoir" à bord de l'Éole.
Voilà l'Ivanka qui nous attend dans le port de Nevers.

Donc, nous sommes rentrés à la maison. Nous voilà redevenus des gens d’aterre. 
Pour quelques mois seulement.

Donc, à bientôt !

lundi 14 avril 2014

…C'est loin l'Amérique ?…

Tais-toi et nage !…

…Oui, c’est très loin, surtout avec une coquille de noix. Mais comme dis le proverbe : Il n’y a que le premier bord qui compte. 

Après quelques réglages (il m’en reste quelques-uns, mineurs), je crois qu’une voile chinoise bien conçue (ce n’est pas le cas encore), bien fabriquée (ce n’est toujours pas le cas) pourra jouer pleinement son rôle sur ma petite annexe pliable made in Benjy.
Démonstration :

Il faudra bien que je lâche la drisse, un jour et que je fixe la dérive !

Je dois aussi résoudre un problème de safran puis… à moi l'Amérique !

C'était un dimanche…

Le héron et le poisson

Ce héron, efflanqué, affamé et gourmand,
Cherchait poisson désespérément.
Ils ne respectent rien, les pêcheurs du dimanche
Pas même le lundi. Ils projettent leurs manches
Et, sans penser à mal,
Vont voler sa pitance à ce pauvre animal.
Il en était si amaigri
Que vu de face on ne voyait qu’un i.
Enfin, un beau matin, avant potron-mimi,
Le club halieutique est encore endormi,
Lorsque la bête à plume allant au ras des eaux,
Aperçu un poisson, le plus gros, le plus beau,
Qui bêtement nageait juste à portée de bec.
Notre héron, d’un coup sec,
Le saisit et le jette au sol herbeux du bord,
Pressé de lui régler son sort.
À ventre vide, hélas, regard exagéré,
Et ce poisson trop gros il ne peut l’avaler.
Il le frappe et le pique et veut le découper,
Puis se décide à bien le présenter
Pour pouvoir se l’ingurgiter.
Mais la soif le prend. Laissant là son repas,
Il se tourne vers l’eau et fait un petit pas,
Suffisamment grand
pourtant
Pour qu’une corneille à l’œil acéré
Voit le poisson, tombe dessus, et bien serré
Dans son bec, il l’emporte.

Que l’échassier jeûnât, peu importe.
Le plus grave ici c’est que ce héron
Eut l’air d'un con.

samedi 12 avril 2014

Nevers, port de la jonction

    La jonction, comme à Roanne je suppose et comme à Decize, est le passage entre le canal et le fleuve. Une écluse permet de quitter le canal et d’entrer sur le fleuve pour les bateaux qui ont le tirant d’eau adéquate. À Nevers, un jour, des esprits entreprenants et modernes l’ont transformée en piscine qui est aujourd’hui abandonnée.

L'immense bassin du Port de la Jonction.
    Le port est un immense bassin et le nombre de places pourrait facilement être doublé (projet qui risque d’être oublié par la nouvelle municipalité). Plusieurs freycinet pourraient y loger sans problème ni gêne pour les plaisanciers et les concours de pêche y sont très fréquentés. À ce propos, il m’a semblé que la taille des poissons pêchés était inversement proportionnelle à la longueur des cannes à pêche ; un peu comme avec les grosses voitures, – dit-on.

De la longueur des cannes.
    Plusieurs bateaux sont habités et, comme d’habitude, les liens se créent vite, l’entraide est de règle. Nos voisins, Serge et Nicole du Jodi, ont une maison tout près d’ici mais préfèrent vivre à bord. Cependant, Nicole tient à garder la maison, on ne sait jamais. Ils ont une voiture et nous ont tout de suite proposé de nous emmener à un hypermarché pour faire les courses. 

    Bon, on ne va pas vous mentir : la vie à bord est plutôt calme, surtout lorsqu’on est arrivé dans le port de son choix et que le bateau va y rester quelques mois. Tranquillement, petit à petit, chaque jour, on accomplit une tâche en préparation de l’hivernage de printemps de l’Ivanka. Je sais, hiverner au printemps c’est un peu curieux, mais pas plus que de pousser la tirette dans une écluse automatisée.
Parfois pourtant, une journée est pleine comme celle d’un Chef d’Entreprise de Taille Moyenne (je ne sais pas pourquoi je choisis cet exemple-là, n’ayant jamais été un C.E.T.M., mais j’imagine).

C'est dans ces instants-là qu'on apprécie avoir un lave-linge à bord.
    Prenez hier, par exemple. Une fois la grosse lessive mise à sécher, Nous avons passé la matinée à préparer le barbecue du ponton prévu pour midi. Un barbecue de ponton, vous l’avez compris, c’est un repas en commun de tous les gens qui sont sur leur bateau amarré au même ponton que les autres. Quatre bateaux, cela fit neuf convives dont une dame de 90 ans.

Un barbecue sans fumée n'est pas un barbecue, point.
Il a fallu le manger ce barbecue. En plus des hors-d’œuvre : un taboulé, des toasts au fromage frais et au thon, plus délicieux l’un que l’autre, des asperges du jardin, un saucisson sec, des tomates cerises… il a fallu (rassurez-vous, personne n’a été battu) goûter au barbecue lui-même : saucisses, merguez, souris d’agneau, ailes de poulet, accompagné d’énormes haricots blancs, de haricots verts, de salade, de fromages (dont un époisses odoriférant) et suivi d’une délicieuse tarte aux pommes et une tare aux fraises qu’un bon café fit descendre. Je dois à la vérité de dire que la consommation des liquides fut très raisonnable.

Ombre ou soleil, au choix, comme à la corrida.
     Les conversations tournèrent autour des bateaux, des voyages, des souvenirs partagés par ceux qui se connaissent depuis longtemps, des astuces pour régler tel ou tel problème, etc.
     Et croyez-vous qu’après un repas pareil le temps fut à la sieste ? Pas du tout ! l’après-repas terminé (vaisselle, rangement, etc), chacun s’en fut à ses occupations et j’ai passé le reste de l’après-midi à confectionner une voile chinoise que je veux utiliser sur mon canot pliable Origami (www.woodenwidget.com). Après essai, j’ai des choses à revoir. Les photos seront donc pour plus tard. 

    Mais ce fut une journée bien occupée. Demain nous avons prévu le lavage du bateau. C’est tout. Eh ! les retraités ont bien le droit de se reposer aussi, non ?

dimanche 6 avril 2014

Nevers again

Decize, village …groenlandais ?
 Nous avons passé la nuit en amont de l’écluse d’Uxeloup. Le technicien (c’est le rang au-dessus d’ éclusier, je crois), qui habite la maison éclusière toute proche, tenta de nous convaincre d’aller un peu plus loin, au village où il y a une épicerie, au moins.

Uxeloup, sans épicerie.
     Mais nous avons préféré rester là, au milieu de nulle part, c’est-à-dire au milieu de tout : des prés, des forêts, des vaches, des hérons, des loutres, des balbuzards… Une nuit noire, mais noire comme avant Édison, et silencieuse comme dans un film muet. 
   Une pluie de printemps, fine comme un crachin breton, est tombée toute l’après-midi et la nuit. Nous sommes restés au sec et au chaud, tant pis pour l’épicerie !

cerisier d'avril.
glycine d'un 3 avril.


     Au matin, le ciel était dégagé et notre dernière journée de navigation (eh oui, déjà) s’est terminée comme il se doit au printemps : soleil, ciel bleu, nuages et risées.
     Nous voici à Nevers. 


Des sardines, oui, mais des bonnes !…

     Vous l’avez sans doute remarqué, si tout va en s’améliorant dans le monde, il n’en va pas de même dans le domaine de la sardine à l’huile. Le seul progrès notoire est l’ouverture des boîtes qui ne nécessite plus de clé spéciale, toujours égarée au dernier moment au fond du mauvais tiroir.
Pourtant, ce qui était il y a quelques décennies un plat délicat, savoureux, raffiné, qui faisait le bonheur des petits et des grands, n’est plus, très souvent, qu’une conserve insipide quand elle n’est pas carrément mauvaise. Qui n’a jamais découvert, en enroulant le couvercle de la boîte, de ces sardines sèches, dont parfois la chair de queue a disparu, lamentables au point qu’à les mâcher on se prend pour un chat famélique de dessin animé.
     Eh bien, qu’on se le dise, cette période sombre est terminée. Tout ça s’est fini ! Le pire est derrière nous ! L’avenir de la sardine à l’huile redevient ce qu’il aurait toujours dû être, radieux : J’ai rencontré à Chagny (à Chagny, en Bourgogne, pays du Charolais !…) un sardinologue émérite, M. Prigent.
     Je n’en ai rien dit jusque là parce que je voulais d’abord goûter. J’ai goûté…

Voilà, c'est ça des sardines de sardinologue !


     C’est comme reculer de cinquante ans, se retrouver en culottes courtes (oui, ne riez pas les djeunes, nous portions des culottes courtes pendant longtemps ; aussi ridicules que vos panneaux publicitaires ambulants, mais pas plus), et nous mangions de booooonnnnnes sardines comme celles de M. Prigent. Et je n’ai goûté que la marque personnelle de la poissonnerie Kerogan qui en propose des dizaines d’autres.
    Bon, le prix n’est pas le même que celui des boîtes de supermarché, certes, mais disons que c’est l’équivalent d’une plaquette de blanc de poulet dont on n’est jamais certain de la provenance ni de la nourriture qui l’a fait croître.
     Alors ? Quand on se souvient du bon goût des sardines à l’huile d’antan, ne vaut-il pas mieux en manger deux fois moins qui sont deux fois meilleures ? On peut passer commande : keronan@sfr.fr.
Publicité gratuite, monsieur Prigent, sardinologue de la poissonnerie Keronan, prépare aussi une lettre d’information électronique qui ne saura manquer de nous mettre l’eau à la bouche.

Et ce n'est pas le choix qui manque.


jeudi 3 avril 2014

Les canaux se suivent et…


Le voyageur qui embouque le canal du Centre en partant de Digoin s’engage dans un paysage charmant fait de canal large, de longues lignes droites, de courbes douces, d’écluses modestes et d’indications d’écluses qui racontent n’importe quoi (voir photo). Il pourrait penser qu’il est toujours sur le canal latéral à la Loire. Pour peu que le soleil y mette du sien, des enfilades de platanes pourraient même, ici et là,  lui faire croire qu’il avance sur le canal du Midi ! 
  Mais peu à peu, le canal va se rétrécir, les lignes droites disparaître, les courbes se durcir, les écluses se creuser et le voyage deviendra… vraiment intéressant.

Alors, elle est où la 26 ? Et les 27 et 28 qui n'existent plus ?
Terrain de foot ? Potager communal ? Non : la cale sèche de Digoin !…

Ce voyage sur le canal du Centre qui nous permet de boucler la boucle des canaux de Bourgogne nous a bien plu. Chagny est une escale sympathique, même sans électricité. À Saint-Léger -sur-Dheune la station pour gazoil n’est pas très loin si l’on a un charagazol comme l’Ivanka (voir chapitres précédents). Génelard vaudrait la peine qu’on s’y arrête ne serait-ce que pour la gratuité (amarrage, eau, électricité) qui fait la moyenne avec les tarifs prohibitifs de Chalon, mais il y a aussi, dominant la darse, le Refuge restaurant accueillant, chaleureux, à la cuisine agréable et bon enfant (Wi-Fi gratuit). Enfin, Paray-le-Monial, pour ses monuments, sa halte fluviale proche du centre ville et ses services techniques accueillants et efficaces, mérite de s’y arrêter une journée au moins. 
     Maintenant, sur le canal latéral à la Loire, ce sont grands biefs droits et écluses à la chute modeste qui nous rapprochent peu à peu de Nevers, notre destination. L’escale de Diou, propre et agréable (pas d’électricité mais le wi-fi à un bar tout proche) vaut la peine. Avant Decize, Gannay est un arrêt près d’un chantier fluvial mais en pleine campagne. 

Le pont-canal de Digoin traverse la Loire.

À nous les longs biefs droits du canal latéral !
     Ce soir nous sommes à Decize. Nous y sommes déjà passés il y a quatre ans, coincés par une crue de la Loire qui nous empêchait de rejoindre le canal du Nivernais. Mais ce retour est comme une première fois : tout a changé. Un nouveau port est né par la volonté de la communauté de communes, un port tout neuf, bien équipé, au tarif raisonnable, auquel s’ajoutent de petites maisons en bois qui se louent et qui font penser à ces villages du grand nord aux belles couleurs. Une réussite et, comme toujours un bon accueil. Dommage que la connexion Wi-Fi soit un peu faible.
   Ce soir, on entend les grenouilles, ce qui explique la présence persistante du héron local.


C'est le moment de cueillir les orties pour une bonne soupe.

À Diou, quand les volets sont fermés, même la maison dort.

Le nouveau port de jonction de Decize.