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vendredi 20 mars 2009

Péniche vole !

Finalement, un voyage en péniche c’est un peu monotone, non. Vais-je vous parler encore des canaux aux biefs rectilignes ? des écluses qui se suivent en gigantesques marches d’un escalier gargantuesque (15 m de dénivellé en quatre écluses sur deux km) ? des canards cancanneurs, des poules d’eau timides, des mouettes criardes ?... Non ! vous finiriez par en avoir assez, vous pourriez abandonner la lecture de notre blog, vous replonger dans la noria de nouvelles nationales et internationales toutes si réjouissantes, reprendre la lecture d’un livre délaissé ou même, à Dieu ne plaise, regarder la télé !...

Non ! je vais vous parler d’un tunnel.

Nous venons d’arriver à la halte fluviale de Bourg-et-Comin, où nous étions déjà en novembre, mais en venant cette fois du canal de jonction de l’Oise à l’Aisne. Comme son nom l’indique un canal de jonction rejoint les bassins de deux rivières différentes. C’est-à-dire qu’il faut monter, dépasser les collines avant de redescendre de l’autre côté. C’est pourquoi ces canaux de jonction sont très riches en écluses. Souvent, la dernière colline est vraiment haute et, pour la passer, on a préféré creuser un tunnel. C’est le cas pour le canal que nous venons de suivre.

La colline que ce canal nous permet de passer est devenue tristement célèbre pendant le Première guerre mondiale puisqu’elle s’appelle « Le chemin des Dames ». Des milliers, des centaines de milliers d’hommes sont morts dans ce lieu, victimes de la bêtise méprisante de leurs dirigeants et de l’incurie de leurs officiers. Ils espéraient en mourant que cette guerre-là serait la dernière... Passons. Nous finirons bien par y arriver, mais ce sera plus long qu'ils pensaient.
L'entrée du tunnel.

Curieusement les entrées de tunnel sont toutes les mêmes. Et pourtant on n’entre pas dans le tunnel d’un canal comme dans un tunnel d’autoroute !... Celui-là fait deux km 300 sur une largeur de 6 m au maximum (les péniches de commerce freysinnet font 38, 5 m x 5,05 m). Il est rectiligne, on en voit donc la fin, la sortie, mais elle sera longue à venir puisqu’on n’a pas le droit d’aller vite, enfin, vite pour une péniche, bien sûr. Les freyssinet doivent avancer à 5 km/h. Nous qui sommes plus petits nous iront un peu plus vite. À babord, un quai, à tribord le mur du tunnel. Devant, tout là-bas, la lumière du jour. En avant !... Nous passons du soleil à la demi-obscurité. Soudain, impression curieuse, désagréable, d’être dans un tube sans eau ! Ivanka flotte, que dis-je, Ivanka vole !... Pourtant, ce n’est pas son genre... Bien sûr les lumières parcimonieuses éclairent mal la voûte qui se reflète sur l’eau très lisse du canal.

La photo ne rend pas justice à l'effet réel.

Au fond, la colline du Chemin des Dames que nous venons de traverser.

Mais je vous assure qu’avoir la sensation de voler en péniche est une expérience qui vaut son pesant d’œufs de cygnes !


Ces œufs céladon que nous vous offrons en cadeau, Fabienne parce que c'est le printemps et Pierre parce qu'il fête son nouvel an (peut rien faire comme tout le monde !...).

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