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mercredi 14 novembre 2012

Ouf !


Ouf !… ça, c’est fait !…
Partis du bord dans le verglas brumeux d’un matin de novembre lorrain, nous sommes arrivés onze heures et demi plus tard dans une nuit périgourdine qui n’avait rien de tropicale mais à la fraîcheur supportable (le voyage fut si long parce que avons attendu trois heures à Paris entre deux trains).

Elle est partie !…
C’est indiqué partout et le chef de train vous le signale au micro après vous avoir souhaité la bienvenue  à bord : par respect pour les autres voyageurs vous êtes priés d’aller téléphoner sur les plateformes aux extrémités de chaque voiture. Mais y en qui savent pas où c’est les extrémités !… 
     Un voyageur, la soixantaine bedonnante et le cheveu hirsute clairsemé (non, moins clairsemé que moi) répond à un appel, en parlant très fort pour que tout le monde entende : Ouais, je suis dans le train, on roule à 20 à l’heure. Ah ! la, la, c’est ça la France, toujours en retard les trains !…
Le plus surprenant n’étant pas ce qu’il disait : les discours de comptoir s’entendent partout, mais la force sonore avec laquelle il s’exprimait. Assis devant lui, je me suis retourné et penché pour le regarder – puisque je participais à la conversation, autant y participer complètement – mais ça ne le gênait pas du tout !…
Tout ça pour dire que le train est arrivé à l’heure.
Et qu’il ne l’a pas fait remarquer…

oOo

Nous voici donc en escale à Périgueux pour passer l’hiver, période idéale pour préparer le printemps qui n’a jamais été si proche !
Ah ! Post-scriptum pour « Jean-Pierre » : Soyez rassuré, l’artilleur de Metz est toujours d’attaque et vous salut bien (je l’ai rencontré dans une librairie de la vieille ville).
Bon hiver à tous et chacun !
Vous serez prévenus de notre prochain départ.

samedi 3 novembre 2012

Retour à Pont-à


A priori, il avait tout pour me plaire. Il voyage beaucoup pour son boulot, il aurait aimé travailler dans la marine marchande, il a un bateau, il navigue sur les canaux et c’est un lecteur assidu des aventures d’Ivanka. Nous avons croisé son bateau, au sec et en réparation, sur le quai de Port-sur-Saône, le nom m’avait tiré l’œil : « Aton Rythme », et il veut aller à Berlin parce que.
Enfin, grâce aux courriels échangés, nous avons pu nous rencontrer. Il est passé avec sa charmante petite famille, Marie, Clémence et Mathieu.  Ils ont tout pour nous plaire. 
Merci de vous être arrêtés.
À bientôt Jean-Luc !
« Aton Rythme », un peu d'égyptien, un peu de blues…

Nous devions partir hier, mais le temps était trop pourri : pluie et vent. Aujourd’hui, profitant d’une accalmie entre deux grains, nous avons quitté le charmant port de Metz  pour remonter en direction de Toul.


huit mètres à monter…

Ces Romains, quand même… Barbares, mais bons maçons !

Le temps pourri nous a rattrapés. Sous la pluie et dans les rafales nous avons fait deux bassinées montantes (dont celle de 8 mètres) et sommes arrivés dans le port de Pont-à-Mousson (découvert à l’aller) juste avant qu’un gros grain ne s’abatte sur nous.
Ouf ! Au sec et sous la couette, c’est chouette de voir et d’entendre le vent et la pluie se déchaîner !

jeudi 1 novembre 2012

3/3 Quelle journée !

3/3 c'est pour vous indiquer que c'est le troisième poste que j'écris aujourd'hui. Pas de souci : je vous laisserai le temps de tout lire.


Mercredi, 31 octobre, le mois se termina en beauté. Nous allâmes visiter le « Pompidou-Metz », musée d’art contemporain dont tout le monde a entendu parler.
Tunnel ferroviaire d'accès au musée.

Le bâtiment du musée est original, un peu trop peut-être. Je veux dire qu’on a l’impression que les architectes ont cherché à être originaux et l’extérieur, tout en courbes, contraste – trop à mon goût – avec la structure intérieure parallélipipédo-cubique.

Les volumes intérieurs sont vastes et la première œuvre qu’on découvre : un rideau de scène peint par Picasso, impressionnant par sa taille est intéressant comme tout ce que fit Picasso dans sa période « pré-picasso ». J’aime aussi ce qu’il fit après, mais pas tout.

Ensuite, il faut monter en étage pour découvrir l’exposition temporaire… C’est de «  l’art » conceptuel, de Sol LeWitt. Euh…
Que je vous explique : ce monsieur a une idée. Il l’écrit sur une feuille de papier. Puis il dessine un brouillon format A4, qui est l’œuvre. Pour une exposition à l’étranger (Lewis était Américain), à Metz par exemple, il envoie un assistant qui connaît bien ses œuvres, embauche des « petites mains » – étudiants des Beaux-arts trop heureux de travailler pour l’Artiste, sans doute – et par leur intermédiaire le dit Artiste « recrée » l’œuvre directement sur les murs du musée. À noter que s’il y a des erreurs dans la reproduction de  l’œuvre — il y a toujours des erreurs puisque chacun étant différent comprend les instructions de l’Artiste différement – s’il y a des erreurs donc, l’œuvre de l’Artiste devient aussi l’œuvre du dessinateur qui devient donc artiste lui-même. Vous me suivez ?… À la fin de l’expo tout est détruit et, comme le dit l’assistant avec un sourire peut-être naïf : COmme ça on peut recommencer ailleurs !
Si vous me demandez : ça vous a plu ? Je vous dirai :
je vous réponds pas, on se fâcherait…

Fabi a trouvé ça très pédagogique. On peut montrer aux enfants qui font ça à l’école maternelle qu’ils pourront finir un jour dans un musée.

Mesdames, messieurs : Sol LeWitt ! (si, si !…)

Ensuite nous sommes montés à la découverte de l’exposition tirée du fonds du FRAC. Des photos de grands photographes. Accrochées artistiquement sur les murs noirs d’une immense salle plongée dans le noir. Seul éclairage : une lampe torche chacun. Vous voyez : des photos sous verre éclairées par une lampe torche qu’on tient dans la main… quelle idée lumineuse !… Sans doute qu’un artiste conceptuel admirerait les reflets sur les verres. Moi, j’aime pas les reflets.

Après avoir admiré de loin la gare, chef-d’œuvre germanique du début du siècle dernier, nous sommes allés chez McDo qui nous est cher pour son WI-FI. Et là nous avons participé nous-mêmes à une sorte de chef-d’œuvre. 

Les autres photos étaient sur l'iPhone !

Pour faire court, un trio d’artistes de haut vol ont subtilisé mon mobile d’une manière si audacieuse et bien au point que l’un comme l’autre, nous n’avons rien vu !

Quelle journée !…

2/3 Pèlerinage


Voilà, j’ai accompli mon pèlerinage familial. Je suis retourné dans la rue où vécurent les parents de ma mère. Mon grand-père, italien à petite moustache, était un entrepreneur qui fonda une entreprise de cycle (vélos, puis motos, puis scooters) que son fils cadet, mon oncle Hugo, reprit jusqu’à sa retraite ou jusqu’à ce que le magasin brûle, je ne sais plus !
Je me souviens de ma grand-mère, petite, ronde – aussi large de tous les côtés ! – qui parlait un petit-nègre italien ou «  pourquoi » voulait dire « parce que » mais qui tenait la caisse du magasin, qui faisait chabro tous les soirs avec sa soupe au bouillon de poule et concoctait des gâteaux au saindoux dont l’un me valut une indigestion mémorable.
Je me souviens de mon grand-père qui venait me réveiller la nuit (j’avais une dizaine d’années) pour me faire admirer les planètes grâce à des télescopes qu’il construisait lui-même à partir de lentilles et de tubes en carton, anciens cœurs de rouleaux de linoléum.
Je me souviens de mon oncle que j’accompagnais dans ses sorties dans des bars sombres et enfumés où il jouait au billard après avoir été champion de ping-pong, pendant que je regardais une télévision en noir et blanc « colorisée » par un filtre qui mettait du bleu en haut, du rouge au milieu et du vert en bas. Étranges images…
Je me souviens de ma grand-mère qui fabriquait des pâtes et les faisait sécher sur des draps qu’elle étalait dans les immenses pièces de cet appartement qui datait du début du siècle.
Je me souviens des capeletti, les petits chapeaux, sorte de raviolis qui embellissaient le bouillon de poulet.
Je me souviens de la poule que la mémé élevait sur son balcon au troisième étage.
Je me souviens des livres de poche, des polars, des livres de science-fiction et des livres « à ne pas mettre entre toutes les mains » que me prêtait généreusement l’oncle Hugo qui en tapissait les murs de sa chambre, en les entassant les uns sur les autres.
Je me souviens des vieux, très vieux numéros de « Science et Vie » qu’on lisait aux toilettes. Je me souviens d’un tapis « algérien » pendu au  mur, représentant un lion furieux agressé par un Arabe audacieux.
Je me souviens d’être allé voir le film « Godzilla » et de n’en avoir pas dormi de la nuit.
Je me souviens des cheveux longs et blancs de ma grand-mère qu’elle nettoyait en les peignant longuement avec un peigne à poux.
… Il y a cinquante-cinq ans que je n’ai pas pensé à tout ça. L’immeuble est toujours là, mais ce n’est peut-être pas le même, ou alors il a été aménagé : je vois des fenêtres curieuses qui me semblent familières, mais pas l’ensemble. Je ne sais pas. Et ces peintures blanches et bleues sont affligeantes !

Aujourd’hui le magasin est occupé par une pâtisserie, ce pourrait être pire !
C'était là…

Une vue du port, quand même !

1/3 Metz ? c'est jaune.


Metz ? C’est jaune. Un jaune curieux, ni beau ni laid. Je dirais un jaune agréable. La ville semble ouverte par quantité de travaux, les rues sont éventrées, les ponts en travaux et sans doute, qu’un jour, la circulation sera facile en ville.


Le musée de Metz est un peu décevant. Quelques belles peintures, mais aucun grand nom, si l’on excepte un Bissière, et encore, c’est loin d’être le plus réussi (et la carte postale qui le reproduit trahit complètement ses couleurs).

La cathédrale elle est impressionnante de hauteur : 42 m dans la nef centrale. Des milliers de mètres carrés de vitraux dont certains carrément agressifs (de Villon) et d’autres, de Chagall, plus doux. Impression de vide. Je me demande pourquoi, alors que le but de ces édifices — les cathédrales gothiques – étaient de célébrer la gloire de Dieu, d’élever l’âme et l’esprit des fidèles (et incidemment de frimer devant les autres villes aux monuments plus modestes), on ne s’y sente pas vraiment bien ? La taille du bâtiment qui écrase autant qu’il impressionne ? Le dénuement intérieur (c’est vrai qu’à l’origine tout ça était peint) ? Le peu de monde qu’on y trouve alors qu’elles sont faites pour accueillir des foules ? Peut-être encore par la boutique aux bondieuseries, inévitable semble-t-il, qui brille dans l’obscurité ? Honnêtement, à Metz il n’y en a qu’une et son éclairage est assez modeste pour ne pas agresser les yeux. Mais il y en a une.

Malgré tout, on se sent mieux dans une modeste église romane, enfin moi.

L’hiver est là ! Premier gel sur le ponton. Et dire que la navigation n’est pas finie !…